Syangmocchen: on a marché sur le plateau Tibétain

Après deux journées de mise en jambe les choses sérieuses commençaient au départ de Tchélé au programme 1000 mètres d’ascension pour atteindre les 4000 m et redescendre ensuite quelques centaines de mètres sur Syangmocchen (3800m) où nous avions prévu de passer la nuit.

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Tchélé à la lueur du soir

Après les canyons surplombant la Kali Gandaki qui avaient servi de toile de fond à nos deux premières journées de marche, de nouveaux paysages étaient au programme, arides toujours mais aussi parfois parsemés de quelques arbustes, tout cela pour nous mener vers les hauts plateaux Tibétains.

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Le Dolpo vu du Mustang

Pour ne pas perdre nos bonnes habitudes, suffoquer et transpirer dès le matin, les premiers pas se sont fait en grimpant. Un escalier minéral aux marches de hauteurs inégales et pas toujours très stables nous a mené vers un panorama de villages Dolpa. Nous avions pris de la hauteur par rapport à la Kali Gandaki qui coulait à plusieurs dizaines de mètres sous nos pieds et qui par la même occasion matérialisait la frontière entre le Mustang et le Dolpo, cet autre “pays caché” Népalais peuplé d’une population d’ethnie Tibétaine.

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Village Dolpa

Ce qui est fascinant avec des pays comme le Népal c’est que, malgré sa relative petite taille, à chaque district correspond une population à l’histoire et aux coutumes différentes de celle de ces voisins et compatriotes. Sans être anthropologue, à mon plus grand regret, j’aurais tendance à dire que la morphologie du territoire Népalais, des plaines du Terail au 2000 sommets de 6000 à 8000m, et les conditions climatiques sont tout de même assez variées pour que les hommes aient dû s’adapter chacun à leur manière. Ce qui fait d’un pays comme le Népal un puits sans fond qui alimentera encore un moment mes envies de découvertes et idées de voyages.

Après le Mustang, voilà donc le Dolpo à portée du regard, des nuages d’un noir menaçant flottant continuellement au dessus de lui. Cependant jamais ces derniers n’auraient eu la bonté de traverser la rivière pour nous faire un petit peu d’ombre, non, cela aurait été nous faciliter les choses pour l’ascension du col et ils savaient bien que nous étions là pour en baver.
La Kali Gandaki semblait donc diviser le territoire en deux : une partie touchée par la mousson, l’autre épargnée… la notre, pour le meilleur et pour le pire. En près de deux semaines de treck nous n’avons pas eu une goûte de pluie. Heureusement qu’Eole était là pour rentabiliser ma Goretex (enfin c’est aussi utile pour une bonne braderie de Lille sous la pluie).

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Pause Noddle
Lors des deux premiers jours de marche nous nous étions fait plaisir gastronomiquement parlant, avalant au déjeuné de lourds plats de momos (raviolis TIbétain), Dalh (lentilles ), Paneer Palak (fromage et épinard) et mes “Pakauda” adorés (appelés Pakora en Inde, sorte de beignets de légumes). Bref des plats un poil trop lourd pour dire d’avoir une condition physique optimale pour poursuivre la marche, d’autant plus que leur confection nécessitait plusieurs dizaines de minutes à nos hôtes, ce qui refroidissaient nos muscles. La reprise étaient donc un peu fastidieuse.
C’est forts de ce constat que nous avons pris la sage décision pour les jours suivant de nous contenter d’un bol de noddle, ces nouilles asiatiques en sachet prisées par les étudiants (ou les jeunes ingénieurs fainéants), de quelques fruits et d’un lemon tea bien sucré.
Nous nous rattrapions le soir avec des assiettes « macronis » taille « yeti » (les cartes proposées pour nos repas du soir étaient les mêmes d’une guesthouse à une autre, nous retrouvions d’ailleurs la même faute d’orthographe à chaque étape, « Macronis » à la place de « Macaronis).

Notre pause “noddle” ce jour là a donc eu lieu dans un tout petit village à l’entrée duquel se trouvait la logde dans laquelle nous avons déjeuné. Nous y avons été accueilli par un couple de chevaux transportant des peaux de chèvre.

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La lodge, comme la plupart de celle dans lesquelles nous avons fait une halte, était magnifiquement entretenue et décorée avec goût (si on omet les posters kitch de maison occidentale et du Potala posé sur un parterre de tulipe ainsi que les couples de yacks miniatures).
Une petite fille qui n’était pas avare de sourires faisait le tour des pièces armée de son chiffon à poussière. Le ménage fait, c’était avec la corvée de patate qu’elle enchainait, toujours avec le sourire, fière de filer un coup de main.
A lire ces derniers lignes on pourrait s’attrister du sort des enfants au Mustang mais n’y voyait là aucune maltraitance ou travail forcé, non il ne s’agit dans ce cas que d’une petite fille qui, je le pense, tourne en rond dans sa maison et est pleine de bonne volonté pour apporter sa contribution à la vie famillialle.

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La Gialo !

Continuant notre marche en début d’après-midi, nous avons fini par rattraper Mané et Kansa, nos porteurs, sans doute freinés dans leur ascension par leur charge, 20 kg max par porteur comme le veut la loi.

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Mané et Kansa nos porteurs

Tous les matins Kansa, chargé de porter une partie de mes affaires et celles de David, venait récupérer nos deux duffel-bag. Il les accrochait au sien à l’aide de cordelettes, enfilait les bretelles et comme il est d’usage au Népal répartissait la charge sur son front à l’aide d’un bandeau.

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Il partait ainsi courbé à l’assaut des cols de la journée.
De notre côté nous avions assez peu de poids sur les épaules (sac de 45L avec polaire, Goretex, gourde, chaussettes de rechange, biscuits, crème solaire, médoc au cas où), non pas par caprice de “riches” occidentaux, comme certains le pense quand je dis que je suis partie avec porteurs, mais par conscience de nos limites. L’Himalaya est une immensité dans laquelle on se retrouve vite éloigné de tout, il suffit d’un pas de travers pour se retrouver dans le pétrin, avoir des porteurs qui vous attendent en haut de chaque col pour s’assurer que vous allez bien et sur lesquels vous pouvez compter en cas de pépin est donc pour moi indispensable.
Qui plus est, outre cet aspect “matériel”, l’aspect humain est tout aussi important si ce n’est plus, les porteurs vous rassures, prennent soin de vous, vous réconforte…. j’en ai fait l’expérience à Lo Mantang après une très dure journée.

Pour en revenir à notre ascension, les cuisses faisant de plus en plus souffrir je m’étais fixée comme objectif de ne faire de pause qu’une fois le col atteint, en essayant de maintenir le rythme de mes pas sachant qu’à chaque petite pause il serait de plus en plus difficile de se remettre en route.
Le groupe s’est alors étiré, chacun devant aller à son rythme.

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Le point bleu au loin, c’est moi

Après 1000 m de dénivelé positif, grande fût ma joie lorsque j’ai pu apercevoir les drapeaux à prières symbolisant le col.
C’est donc en solo que j’ai passé ce col, exténuée mais heureuse d’avoir tenu bon et de pouvoir me poser, enfin, avec face à moi : le Tibet de mes rêves.

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Les plateaux tibétains vus du col

Même si 4000 m ce n’est pas le toit du monde j’étais fière de franchir mon premier gros col.

Les autres sont arrivés au compte goûte ce qui m’a permis de m’octroyer une longue pause passant d’une face à l’autre du col en fonction de mon envie de prendre le soleil ou de prendre me rafraichir au vent avec vue sur les plateaux Tibétain.

Du haut de ce col, nous pouvions voir en contrebas quelques points blancs. ll s’agissait de Syangmocchen notre prochaine étape située à plusieurs centaines de mètres en contre bas.
Moi qui pensais avoir fait le plus dur j’ai constaté que les descentes crispant les orteils n’étaient pas des plus prisées par mon pied aux métatarses fraichement vissés.

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Syangmocchen

Après être arrivée en serrant les dents je me suis affalée sur mon lit, les jambes en l’air contre le mur, regardant le plafond composé de branches et brindilles imaginant des insectes en tout genre manger d’autres insectes en tout genre et n’attendant que la nuit et la lueur de ma frontale pour descendre me chatouiller.

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