Rappel du contexte du voyage :
J’ai suivi les étudiants de mon école d’ingénieur membres de l’association « 5 sommets 5 continents » au Ladakh afin de participer à des missions de solidarité dans des villages touchés par les graves inondations de 2010.
L’objet de notre séjour à Chilling était de constituer la main d’œuvre nécessaire à la mise en place du projet de Khenrab d’installation de panneaux solaires alimentant en électricité le community hall du village et la station de purification d’eau que nous devions y monter.
Ce travail s’est déroulé en trois phases dont certaines étaient réalisées en parallèles et décrites ci-dessous : cablage du community hall, mise en place des panneaux solaires, mise en place du purificateur d’eau.
DIY : installation de panneaux solaires
Les panneaux solaire que nous avons installé étaient de type « photovoltaïque » par opposition au panneau thermique (et au photovoltaïque/thermique). Comme des panneaux solaires ne produisent de l’électricité que la journée et que l’objectif était en autre d’éclairer la salle communale notre première tâche fût de les brancher à leurs accumulateurs respectifs afin de les charger.
Les panneaux et batteries sortis du carton la première étape fût de remplir les batteries de la solution électrolyte.
Remplissage des batteries
Il fallut ensuite brancher les panneaux aux batteries et les laisser charger sous le soleil de plomb durant plusieurs jours tout en s’assurant que les rafales de vent engendrées par les quotidiens orages de mousson ne les feraient pas s’envoler.
Mise en charge des batteries
Régulièrement nous allions vérifier que la tension augmentait comme il se devait pour atteindre, après plusieurs jours, environ 14V.
Un régulateur reliait les panneaux aux batteries dans le but de couper la liaison électrique en cas de surtensions.
Mise en charge des batteries
DIY : l’installation électrique
Pendant ce temps…
Les batteries en charge nous ne restâmes pas les bras croisés, il fallait réaliser l’installation électrique de la maison, armés de quelques outils et surtout de l’ingéniosité de Khenrab et ses confrères Ladakhi.
Notre objectif était d’alimenter des ampoules réparties dans cette grande pièce. Nous devions donc fixer les câbles électriques au plafond en les faisant passer dans des baguettes.
L’étape 1 fut donc la fixation des baguettes au plafond.
Pour cela Khenrab et Tashi nous mirent à disposition un échafaud d’une stabilité qu’on espérait à toute épreuve.
Avoir pris les mesures nécessaires et découpé les baquettes en conséquence les choses sérieuses commencèrent : planter des clous dans les murs.
Les murs, constitués de bloc de roche et de ciment étaient on ne peut plus friables.
Dès les premiers coups de marteau nous comprîmes pourquoi Khenrab avait prévu près d’une semaine pour terminer cette installation qui, dans notre esprit et à première vue, n’aurait pas dû nécessiter plus de quelques jours.
A chaque coup de marteau, pour enfoncer un tout petit petit clou nous risquions l’effondrement d’une partie du mur.
Je fais des trous des gros trous, encore des gros trous…
Cela c’est produit plus d’une fois, cependant jamais personne ne s’est mis à pestiférer contre ce mur ! Donc, plutôt que de s’en prendre à un mur inanimé ou un à ciment de piètre qualité nos amis Ladakhis se sont remis au travail, s’en allant chercher les sacs de ciment nécessaires et les chevilles dans lesquels nous planterions les clous lors de nos futures tentatives pour éviter que l’erreur ne se répète.
Mais à Chilling, dans un cas comme celui-ci il ne suffit pas de monter dans la voiture pour se rendre dans la zone commerciale la plus proche pour y trouver le paradis du bricoleur selon les Mulliez et revenir avec ses chevilles.
Non les chevilles à CHilling elles sont « home-made », une grosse branche fait l’affaire.
Chevilles home-made
Le trou comblé et le ciment séché nous pouvions continuer à travailler.
DIY : assemblage du purificateur d’eau
En parallèle il fallait monter et tester le purificateur d’eau qui permettrait aux treckeurs de passage de recharger leurs gourdes sans remplir les caisses de la marque de soda rouge, fournisseur officiel de la pollution au Ladak, la majeure partie des bouteilles distribuées finissant par se retrouver abandonnée en pleine nature par des trekkeurs peu scrupuleux.
Alors que nous commencions le montage des filtres du purificateur, est arrivé le fameux David, charmant personnage à l’allure de surfeur- écolo musicien d’un groupe de folk indé de la côte Ouest des Etats-Unis.
Il était au Ladakh pour tourner un petit documentaire sur la pollution liée à l’utilisation des bouteilles en plastique.
David filmant son documentaire sur la pollution au Ladak
En discutant avec lui j’appris qu’il avait traversé le Pacifique, reliant San Francisco à Sydney sur un bateau dont la coque était faite de bouteilles en plastique. Je l’imaginai alors sur un radeau de fortune fait bouteilles reliées les unes aux autres (ce qui est très drôle quand j’y repense), mais non son embarcation était bien de « fortune » mais au premier sens du terme.
J’appris en rentrant en France que ce bateau était un vrai bateau et que ce fameux David était le fils d’un milliardaire nommé « De Rothschild ».
Bref, mon blog n’a pas l’intention de faire concurrence à la gutter-press donc revenons à nos purificateurs d’eau.
Les filtres assemblés nous avons testé leur étanchéité en les raccordant à une source d’eau.
Nous avons dû les démonter et remonter à plusieurs reprises jusqu’à ce que nos tests soient concluants.
Dès le premier passage de l’eau dans les filtres ces derniers se sont retrouvés souillés par l’eau sédimenteuses les traversant.
Ça nous a d’ailleurs bien fait rire car quelques minutes avant David (Dävid) s’étaient accroupies près de la source pour y boire son eau scandant « Pas besoin d’eau en bouteille, cette eau qui descend directement des glaciers est tellement pure ».
Après quelques jours de travail la lumière fût et l’eau était prête à être distribuée aux trekkeurs.
Pour ma part c’était la fin de l’aventure Ladakhi faute de congés mais les autres membres du groupe aller fêter la réussite des différents projets en concluant le voyage par un treck dont vous pouvez avoir un aperçu dans le teaser du film qui sera dévoilé dans deux semaines : Le teaser du film « Ladakh 2011 »
Pour aller plus loin :
Je vous invite à voir ou revoir le numéro d’Ushuaia nature “Le troisième pôle” qui a été tourné en 2004 au Ladakh et dans lequel on peut découvrir Khenrab traquant le fameux léopard.
A mon retour du Ladakh on m’a offert ce DVD, je me suis alors souvenue avoir vue l’émission des années auparavant, rêvant à de pareilles aventures, pensant certainement à l’époque que tout cela m’était inaccessible, bien loin de mon village du Nord de la France. Je n’aurai certainement jamais pensé qu’un jour je rencontrerai ce protecteur des léopards des neiges, que je vivrais dans sa famille, que je travaillerai sur un de ses projets et surtout qu’il deviendrait un ami et l’une des personnes que j’estime le plus.
Et pourtant avec de la chance, au grès des rencontres tout ça est bien arrivé.
Tout ça pour dire : continuer de rêver!!!