19h approche, le premier des ministres néerlandais, Monsieur Rutte s’apprête à prendre de nouveau la parole quelques jours après son éloquente allocution que même nous, Français à l’audition non adaptée aux phonèmes gutturales de notre pays d’accueil, avons regardé en direct avec attention. Il faut dire qu’aucun homme d’état n’avait pris la parole depuis La Haye depuis le premier choc pétrolier. Après les discours belliqueux de notre jeune premier Français on attendait donc que quelque dirigeant d’humeur martiale prenne la suite de la métaphore avec impatience.
Rien n’en fut.
Ce 31 mars donc, il réitère pour une annonce sans aucune surprise d’une poursuite du “confinement intelligent”.
Alors que les gens sont scotchés à leur télé nous allons prendre l’air, comme si de rien n’était, marcher entre les canaux moyenâgeux de notre plus belle ville du monde.
Dans notre vieux-ouest, les habitants se croisent, ou plutôt s’écartent les uns des autres au coin des supermarchés encore ouverts, les livreurs s’agglutinent devant la petite restauration pour récupérer un steak entre deux tranches de pain qu’un fin gourmet, pourtant en manque d’exercice, aura eu le flemme d’aller chercher lui même.
Puis au passage d’un canal, les immeubles prennent 2 siècles, ou 3, d’un coup et les habitants, riches marchands, premiers banquiers, premiers actionnaires semblent avoir tous fuis vers les colonies il y a deux siècles, comme déjà au courant du drame sanitaire à venir , conséquence leur ambitions de rayonnement mondial.
De mémoire de migrante installée là depuis deux ans, Amsterdam n’a jamais été aussi calme. Le silence qui règne sur ce musée géant de l’âge d’or n’a même pas d’égal lors des nuits les plus sombres, froides, mouillées d’un hiver Amstelodamois où il y aura toujours, toujours, un fétard pour rappeler que la vie doit être prise à la légère.
Amsterdam, pimpante et naïve, toujours festive même sous la pluie, a vue sa population, à défaut de l‘eau de ses canaux, s’évaporer.
Les seuls gens dans la rue, sont les gens de la rue, ceux qui habituellement sont invisibles ou camouflés dans la foule de touristes.
De temps à autre un cycliste passe, faisant résonner un peu de la musique des heures de pointe sur les pistes cyclable d’Amsterdam, celle lancinante des rouages mal entretenus de leur bicycle. Aujourd’hui le son est pur, avec comme seuls arrangements ses réverbérations sur les murs de briques.
Les quelques trams, vides, qui circulent encore, maintiennent un rythme avec leur son de cloche qu’ils déclenchent par principe, il n’y a plus personne qu’ils doivent alerter de leur passage. Ceux qui sont entièrement habillés de publicités pour des compagnies aériennes, des musées, des casinos semblent bien futiles alors que tous ces lieux sont en train de tourner en friches.
Les carillons d’églises plus vielles les unes que les autres résonnent seules dans Red Lights district où
Les néons tapageurs qui orientaient nos regards vers de bien bas horizons, en s’éteignant, nous ont permis de les élever pour enfin remarquer les façades remarquables.
Là où on se ferait sonner, klaxonner, tintinnabuler, on peut marcher la tête en l’air.
Le Vondelpark nous permet des tours de piste en solo au son de notre propre souffle et des générateur qui alimentent ces panneaux lumineux géant d’habitude posés sur les autoroutes qui nous demandent, ici comme sur les routes, de respecter les distances de sécurité.
Finalement dans Amsterdam, les seuls à ne pas craindre de se croiser sont les chats que j’observe depuis mon home-office de confiné. Ils se faufilent de jardin en jardin, marchant en équilibre sur les palissades théâtre de leurs batailles d’égo félines.
Alors qu’aux rongeurs, ces hamsters de supermarché qui se font des réserves irrationnelles, la société demande de s’arrêter et de penser : « Stop met hamsteren » – « arrêter de faire le hamster » .
trop bien, j’adore ton article !!!
ça serait le moment que je vienne me promener dans votre belle ville sans risque de me faire klaxonner, oups pardon « sonnetter » par des cyclistes habituellement rois des rues et ruelles
j’aime beaucoup l’affiche qui demande d’arrêter de faire le hamster …………..^^
La plus belle ville du monde…. ça va les chevilles ;D
Ambiance Walking Dead….
J’ai dit « Ma plus belle ville »:P, aprés deux ans on a toujours autant de bonheur que de marcher et bicycler dans ses rues d’un autre temps.
Trop coooool cet article, comme d’habitude, tes textes laissent vraiment transparaître l’ambiance ! Et les photos superbes. C’est marrant, parfois sur les photos de voyage, ça embête d’avoir des touristes dessus, mais là sans personne ça fait surréaliste…