Je commence ici une nouvelle série de courtes descriptions des parois sur lesquelles nous avons usé la gomme de nos chaussons.
La Pointe de l’Eissadon – Sur les traces de Gaston
Massif des Calanques de Cassis
Samedi 23 septembre 2017
Écrêtée par le vent, l’Eissadon maintient sa pointe hors de l’eau.
Une petite centaine de mètre d’atmosphère iodée sépare son socle au pin d’Alep le moins sujet au vertige.
Elle offre un relief varié au grimpeur assez patient pour tirer les cordes aux huit ou neuf relais posés par d’autres téméraires dans le calcaire permettant de se rendre du creux de la calanque au sommet par la face opposée.
Chahutée par les vagues sa base s’est polie au cours du temps.
Les grimpeurs, que l’on devrait plutôt appeler “traverseurs” car ils progressent à l’horizontale sur la première partie de la voie, s’y offrent l’illusion de marcher sur l’eau. En jouant aux équilibristes sur des gratons tout en finesse, ils se rappellent leur facultés de se tenir sur la pointe des pieds, de se déplacer de grand-écart en grand-écart, les abdo gainés pour tenir tête à Newtown.
Parfois, la gomme et le cuir des chaussons est mordu par les vagues dont le tapage contre les rochers angoisse plus qu’il n’est réellement menaçant.
Puis le grimpeur reprend le pas sur le traverseur pour gravir ces 100m. Une brèche parfaite fend cette poire en deux, ils nous a fallu l’enjamber en s’agrippant à des prises grasses, écumées. Les kayakistes la traversent non conscients du danger des pierres qui ne cesseront de se jeter à la mer à notre passage dans cette longueur en 6A+.
Les bateaux touristiques eux restent à distance, leurs speakers commentant au micro notre progression sur cette voie mythique ouverte par le grand Rebuffat.
Assurant Romain parti en tête, accrochée dans le vide à mon relais, je me sens oiseau nichant dans la falaise observé par des naturalistes ayant oubliés leur discrétion au port de Marseille.
nb : “chausson” : terme usurpé pour des chaussures techniques qui, portées pendant plusieurs heures, ne sont confortables qu’au moment où on les enlève.
Quotations :
L1 | 5a/5b suivant conditions
L2 | 4c, un pas en 5c au départ
L3 | 5c
L4 | 5c
L5 | 5c
L6 |6a
L7 | 6a+
L8 | 6a
sympa quand même ce récit qui me fait un peu froid dans le dos !!
je suppose que les spécialistes comprendront les quotations …….. tous ces chiffres veulent dire que c’est difficile ?
bisous
Euh difficile… ça dépend pour qui.
Pour nous un 6a+ en tête dans les Calanques c’est ce qu’il nous faut, faisable, on se fait plaisir car les mouvements sont un peu techniques/physiques mais sans trop de risque qu’on reste bloqué.
On s’aventure rarement au delà de cette cotation en grande voie pour éviter de rester bloquer comme des idiots sur un passage difficile… appeler l’hélico c’est un peu abusé 😀