Mon envie de mener un projet au Ladakh fait suite à un premier projet auquel j’ai participé il y a trois ans et qui avait été mené par les étudiants de mon école, membres de l’association 5 Sommets 5 Continents.
Ce projet avait alors consisté, pour ma part, en l’installation de panneaux solaires ainsi que de stations de filtrage d’eau. Ces dernières ont pour objectif de permettre aux treckeurs de s’abreuver en toute écologie, préférant le remplissage de leur gourde en l’échange de quelques Indian Roupies à l’achat de bouteilles en plastique dont Coca-cola se fiche pas mal de savoir ce qu’elles adviendront une fois bues dans un pays où les infrastructures en terme de gestion des déchêts sont largement insuffisantes. Bref ”From cradle to cradle” Coca-cola et son ami Pepsi ne connaissent pas.
Cette installation, mise en place dans de nombreux villages du treck de la Marka, a donc un double avantage pour les habitants: la conservation de leur environnement et l’apport d’une nouvelle source de revenus.
Dans la continuité de cette première expérience Ladakhi, il me tenait à coeur de prendre part à un nouveau projet de l’association Youth Association for Conservation and Development in Hemis National Park (YAFCAD).
La raison d’être de cette association locale est de fournir aux habitants du parc national les moyens de préserver et développer leur vallée, cela dans différents domaines (culture, énergie, gestion des déchets, mise en place d’un tourisme durable).
L’un de ses objectifs majeur est de protéger le mythique léopard des neiges. Cet animal en voie de disparition est parfois la cible des paysans, qui peuvent être ammenés à le tuer si une rencontre fortuite à lieu afin d’éviter à leur cheptel de mourir sous ses cros et donc de perdre une partie de leurs revenus. Pour contrer cela, YAFCAD tente également de sensibiliser les villageois à la “valeur” de cet animal.
Si mon projet n’est qu’un petit galet sur le cairn que met en place YAFCAD il permettait néanmoins d’agir en ce sens. En effet, en distribuant des aiguilles dans les villages et en permettant à YAFCAD d’organiser des sessions de formation à la confection d’objets en laine feutrée, une nouvelle source de revenu était rendue possible pour les villageois qui pourraient alors vendre ces effigies d’animaux locaux aux treckeurs avides de cadeaux-souvenirs inédits.
De cette façon, la faune locale (léopards des neiges, blue sheep, yack, ibex…) est remise en lumière et les villageois reprennent conscience de sa valeur, non seulement pour l’équilibre de l’éco-système mais aussi pour le tourisme. En effet, l’idée de pouvoir apercevoir l’un de ces animaux mythiques n’est pas pour rien dans l’engouement des visiteurs pour le Ladakh, qu’ils soient issus de la nouvelle classe moyenne indienne ou de l’étranger.
D’autre part, après la fin de la saison des récoltes, le travail se faisant moins pressant, et plus rare aussi, les villageois disposent de temps libre pour cette activité complémentaire sans compromettre leurs vitales activités agricoles.
En septembre 2014, j’ai donc de nouveau passé deux semaines au Ladakh pour un trecking à la rencontre des Ladakhis, de leur culture et mode de vie.
Ce fût là l’occasion de retrouver Khenrab, de l’association YAFCAD pour lui remettre les aiguilles afin qu’il se charge de les redistribuer dans les villages non traversés par mon treck.
Organiser une rencontre avec Khenrab fut compliqué. Je n’avais eu aucune réponse de sa part à mes derniers email. La raison, outre ses parties de cache-cache avec le léopard, une indisponibilité d’Internet au Ladakh suite aux tristes inondations qui avaient eu lieu à Srinagar une dizaine de jours avant mon arrivée. Plusieurs centaines de cachemeries ont alors perdu la vie. Quatre ans plus tôt, c’était de l’autre côté de la chaîne du Ladakh que les inondations avaient sévi, faisant là aussi des centaines de morts et des dégats matériel considérables dont les stigmates sont encore visible aujourd’hui.
Mais Khenrab est une personne surprenante de tout point de vue et nous a fait l’heureuse surprise de nous rendre visite alors de nous prenions un agréable petit déjeuné sur la terrasse ensolleillée de notre gueshouse.
Tibetan bread, confiture d’abricot maison, lemon tea, tout cela agrémenté d’une pointe de Khenrab et de ses photos de Leopard des neiges ont rendu le moment délicieux.
Malheureusement, nous n’avions que peu de temps à passer avec Khenrab ce jour là car c’était là le grand jour du départ de notre treck.
Pour l’aider dans la mise en place de son projet, Khenrab m’avait donc demandé de ramener des centaines d’aiguilles pour laine feutrée, aiguilles introuvables au Ladakh et difficilement dans les grandes villes indiennes (dont la plus proche, Delhi, est à 5 jours de jeep).
Les deux premiers jours passés à Leh , capitale de l’ancien royaume himalayen du Ladakh, m’ont permis de faire le tour de coopératives vendant quelques uns des objets en laine rammenés des villages. Les “objets” de mon projet, animaux en laine feutrée, y sont vendues pour 150 INR soit un peu plus de 2 €.
Dans l’une de ces boutiques, celle du LEDEG, surprise par l’allure nonchalante du premier yack en laine que j’ai alors découvert, mes compagnons de voyage et moi nous sommes pris d’un fou-rire, manifestation du contraste entre la simplicité de l’objet et la pression lié à la complexité d’obtenir des informations fiables quant au passage de douane avec ma cargaison d’aiguilles.
En préparant mon voyage et l’acheminement des aiguilles, j’avais rencontré de grandes difficultés à obtenir des informations claires quant à la nécessité de les déclarer aux douaniers indiens (leur valeur était d’environ 500€).
Déclarera , déclarera pas… jusqu’à l’instant fatidique où j’avais à choisir entre la green line (des personnes n’ayant rien à déclarer) et la red line (des gens suspicieux comme moi ) je ne savais que faire. Je n’avais pas envie d’expliquer aux douaniers, à l’aide de factures et documents en français, qu’il s’agissait d’un cadeau à une association.
Rebelle, enfin surtout rassurée par le fait qu’ils laissaient passer tous les touristes sans vérifier leur bagage soute (juste les cabines étaient en partie contrôlées), je me résolue à franchir le portique de sécurité, mon doute comme supplément bagage.
(Pour le détail, enfin ce que j’en sais, des formalités administratives, vous pouvez vous reporter au paragraphe lié en fin d’article.)
Pour en revenir à nos “blue sheep” et à l’intérêt du projet, Khenrab m’a indiqué que ces 500 aiguilles allaient, selon ses calculs, impacter plus de cent familles, leur apportant, sur une saison touristique un revenu supplémentaire d’une centaine d’euros, ce qui est considérable.
Pour la majeure partie de la formation des villageoises, c’est YAFCAD qui se charge de la logistique. Khenrab, notamment, s’est mis à la couture pour animer des sessions de formation, comme sur la photo ci-dessous.
Deux semaines au Ladakh sont bien trop courtes et je regrette de n’avoir pu m’impliquer d’avantage à l’occasion de mon séjour mais compte bien continuer à suivre ce projet et pourquoi pas un jour aller passer plusieurs mois dans un village et produire moi aussi des animaux locaux en laine :).
En tous cas, un grand merci à l’association « 5 sommets 5 continents » de l’INSA Centre Val de Loire, notamment Mathieu et Loris, pour avoir accepté de m’accompagner sur ce projet, ce qui m’a permis de recevoir ma subvention de la part de Orange Business Service.
Démarches douanières
Au débarquement en Inde, tout passager en provenance d’un pays étranger doit passer les contrôle douanier si vous n’êtes pas en transit (comprenez par là, si vous n’avez pas de correspondance pour un vol international en dehors de l’Inde et donc si vous sortez de l’aéroport).
Dans l’avion, une petite fiche est distribuée sur laquelle il faut cocher les cases correspondantes aux produits interdits ou soumis à restriction que vous transportez. Si l’une des cases est cochée, il faudra passer par la “Red Line” au débarquement en Inde. Sinon un sourire au douanier en passant par la green line suffira.
Pour connaître la taxation à l’entrée sur le sol indien de certains biens, il faut consulter le site www.cbec.gov.in.
Dans l’onglet “Custom”, cliquez sur “Tarifs 20XX-20XY“ et rechercher le chapitre correspondant au type de biens que vous transportez, vous obtiendrez alors la taxe appliquée
D’autre part, pour la sortie de bien du territoire Français pour des raisons humanitaires, il existe des démarches à effectuer en mairie/préfecture et auprès des douanes. Même si j’ai été en contact avec la préfecture et la douane je ne suis pas allée au boût de ces démarches qui ne s’appliquaient pas vraiment au transport une “petite” quantité d’aiguille.
Pour expédier des marchandises depuis la France, que ce soit par la route, l’avion ou le bateau, il est possible d’obtenir des tarifs préférentiels dans le cadre d’un acheminement humanitaire.
Pour cela, il faut obtenir et faire valider une attestation d’aide humanitaire. C’est auprès de votre préfecture ou mairie qu’il faut s’adresser pour cela. Une fois cette attestation dûment obtenue, il faut la faire valider par le service de douane de la ville d’où part la marchandise. Elle autorisera ainsi les biens à quitter le sol français à titre gratuit.
Il est simplement demandé de fournir un inventaire détaillé de la marchandise reprennant les coordonnées de l’expéditeur, sa nature et les références du moyen de transport.
Plus d’info :
– sur le site du ministère de l’intérieur
– sur le site de la douane française