Avant dernier jour de notre périple, grandiose, avec 1300m de dénivelé positif et comme point de chute: Mukhtinath.
Nous quittions donc nos villages empreints de tradition tibétaine pour retrouver la diversité religieuse du Népal de part cette ville aussi sacrée pour l’une ou l’autre des religions majoritaires du pays, à savoir l’hindouisme et le bouddhisme.
L’accès à cette ville imposait un passage par le col de Ghuy et nous promettait un panorama de 140°, ni plus ni moins, sur les Anapurnas et Daulagiris.
Le profil du jour
Passage de Ghuy La ou 1300 de dénivelé quelques heures
La première pause de l’ascension nous donna l’occasion de tourner une dernière fois nos regards vers le Haut-Mustang, apaisés par la douceur de ses vertigineuses entrailles aux tons pastels où rampait un serpent nommé Kali Gandaki.
Arrivés là, Jean-Marc et moi pensions avoir déjà bien entamés l’ascension. Mais David remit nos pieds, qui s’envolaient déjà pour Ghuy La, sur terre, en nous informant, grâce à sa montre trop high-tech, que nous avions en réalité à peine gravi 300 m.
Les porteurs que nous avions rejoint, gérant leurs efforts, ne s’attardèrent pas. Nous leur emboîtâmes le pas, suivi d’Isa sur son cheval, son joker du jour, qu’elle avait choisi de mettre à contribution dans cette longue ascension.
Comme s’il avait de l’égard pour l’égo des treckeurs, le cheval sembla hésiter longtemps avant d’oser pointer son naseau à mon niveau. Il s’arrêtait de lui même à chaque fois qu’il était sur le point de me dépasser, me laissant alors prendre de l’avance avant de me rattraper de nouveau et ainsi de suite.
Sans doute lassé par la lenteur de mon pas, il profita tout de même de l’élargissement du sentier pour prendre les devants..
Aucun répit ne nous fût accordé dans cette ascension. Les très rares passages au dénivelé nul se faisaient sur d’immenses éboulis de pierres à la couleur de Kali. On imaginait très bien cette caillasse pouvoir se dérober sous les fers de notre compagnon du jour l’emmenant quelques dizaines de mètres plus bas, ce qui obligea Isa à franchir ce passage à pied.
Nous dépassâmes bientôt les porteurs, éprouvés.
Le groupe, déjà étiré, s’étira encore lorsque que nous arrivâmes au milieu d’un cirque duquel nous pouvions à peine distinguer les drapeaux à prières symbolisant le col flottants si haut au dessus de nos têtes.
Nous n’avions pas mangé depuis plusieurs heures et commencions à manquer d’énergie. Je me suis alors assise exténuée. Pour me redonner un peu de rythme à mon pas las, pour la première fois depuis le début du treck la seule solution fut pour moi de sortir les écouteurs diffusant des airs énergiques.
Et cela fonctionna très bien.
Quand aller bosser nécessite un passage par le col de Ghuy La
Après Isa et son cheval, David puis moi arrivâmes à destination.
Puis ce fût au tour de Jean-Marc et Tula, courbés, comme si une dernière révérence s’imposait.
pause au Ghuy La
Tula nous félicita, car même s’il n’avait pas osé nous l’avouer il avait imaginé que le passage du col se serait fait en au moins une heure trente de plus.
A l’arrivée de Mané et Kansa la victoire sur ce col fût célébrée par nos amis Népalais chantant, dansant et tapant dans les mains.
Après quelques minutes à s’auto-congratuler et à prendre des bouffées d’air pures dont la profondeur n’avait d »égal que celle des canyons nous entourant, nous ne tardâmes pas à nous jeter sur notre frugale repas. Au menu de notre pique-nique à haute-altitude: “Tibetan Bread” aussi appelé « Balep Korkun », œufs durs et nos habituels Coco Crunch en guise de dessert.
Arriva alors un groupe de travailleurs Népalais, sans doute en provenance de notre destination.
Ouvriers Népalais sur le col de Ghuy
Nous partageâmes un peu de notre repas avec eux avant de nous prendre mutuellement en photo, chose fréquente sur le sous-continent.
Pause photo à Ghuy La
Puis, pelles et pioches en guise de bâtons de randonnée, ils poursuivirent leur incroyable route vers leur travail. Peut être ai-je un point de vue naïf d’occidentale, il faut dire qu’à cette altitude nous avions un peu la tête dans les nuages, mais je ne suis pas certaine de préférer mes réveils aux aurores pour passer des heures dans les transports en commun à leur marche éreintante mais surement moins aliénante.
En tous cas ce jour là le plus dur était fait pour nous Il ne nous restait qu’à descendre jusqu’à Muktinath.
Passés sur l’autre versant du col grande fût notre joie quand, malgré les quelques nuages-alpinistes ayant vaincus la barrière des 8000m des Anapurnas, le Daulagiri s’offrit à nos yeux.
Septième plus haut sommet du monde avec ces 8167m, on ne voyait que lui, même si l’on essayer d’en détourner le regard son imposant sommet nous hypnotisait.
Je pourrais passer des heures d’introspection sans savoir vous dire pourquoi la vue de ces sommets provoque chez moi un tel sentiment de béatitude. Peut être est-ce parce que là haut, la vie telle que nous la connaissons n’a plus aucun sens. Ses sommets nous font réaliser à quel point les choses auxquelles nous accordons une si grandes importances sont en réalité des futilités d’un microcosme que nous prenons pour un vaste centre du monde alors qu’il n’existe pas aux yeux de million de personnes.
Où alors est-ce tout simplement leur beauté qui me subjugue?
Le Daulagiri suivi de ses “frères Dalton“ les sommets Daulagiri 2 et 3 nous renvoient avec tellement de pureté les photons qui vienne s’écraser sur sa masse glaciale qu’on aimerait en remporter une réplique chez soi pour s’installer un espace luminothérapie.
Muktinath
En ayant pris plein des yeux et après un passage sur un pont de singe, nous traversâmes un premier village avant d’apercevoir Muktinath.
Cette vision sonnait le glas de nos journées passées dans ce désert d’altitude et nous ramenait à la réalité de la ville, son bruit, sa pollution, la consommation…
Alors que nous avions fait toute cette route pour découvrir l’atmosphère d’une ville sacrée, la saison des pèlerinages était loin dernière nous et la ville semblait avoir perdu tout aura, transformée en un chantier hôtelier sans grand charme.
De l’incroyable calme du Mustang nous passions au bruit incessant des marteaux cognant l’acier.
Le long de la route principale des hôtels, des cafés “branchés” et une multitude de stands d’artisanat.
Echarpes, bonnets, bijoux étaient posés sur des tréteaux ou à même le sol semblant attendre que le Daulagiri, les observant de loin, s’en choisissent quelques uns.
Il faut s’éloigner un peu du centre ville en direction des temples et fontaines sacrées pour obtenir un peu de répit.
De là la verdure est de nouveau au rendez-vous.
Cet endroit à la particularité, qui le rend sacré, de réunir naturellement les 4 éléments : la terre, l’air, l’eau mais plus étonnant le feu. Des fissures dans des rochets laissent s’échapper du gaz brûlant naturellement. Quand à l’eau elle coule de 108 fontaines présentes dans le temple de Vishnu. Pas de bol pour nous les fontaines avaient le droit à leur maintenance annuelle et ne crachait alors que quelques cailloux et de la boue.
Comme dans toutes les villes d’une importance non négligeable l’accueil se veut moins chaleureux. Nous ne partagions notre immense hôtel qu’avec une jeune Américaine et son guide Népalais, se prenant pour les rois bling-bling du trecking, hyper équipé, hyper branché mais aussi hyper hautains..
Les sanitaires aussi, malgré leurs airs bling bling comparé à ce que nous connaissions, nous ont déçus car étant peut être les plus repoussants dans lesquels nous étions passé jusque là.
Enfin c’est mon point de vue, je n’ai pas vraiment apprécié prendre ma douche dans une odeur de pipi à se demander si quelqu’un n’avait pas confondu douche et toilette ^^.
Bref cet endroit méritait à peine un yack et un chörten dans le classement du guide du Petit Yack futé que nous avions commencé à établir à travers nos séjours dans les villages du Mustang.
Mais n’aller pas croire que tout et tout noir à Muktinath, non, c’est au contraire l’occasion de reprendre goût à la bière tout en observant le couché de soleil sur le Nilgiri du haut du rooftop de l’hôtel et ça c’est quand même aussi super agréable.
Infos pratiques :
– possibilité de faire remplir sa gourde pour 30 roupies le litre dans une station de purification.