Lo Mantang… franchir les cols et parcourir les plaines désertiques qui mènent jusqu’à cette ville a tellement fait souffrir mes orteils qu’elle mérite bien un article à son nom.
Plaine désertique qui nous mena à Lo Mantang
Malheureusement j’étais dans une forme plus paralympique qu’olympique lors de notre première soirée Lo Mantangaise ce qui m’a fait passer à côté d’une balade dans les ruelles à la tombée du jour et autant de belles photos, vous devrez donc vous contenter des piètres illustrations de cet article.
C’est donc uniquement après notre journée tape-cul à dos de cheval que j’ai pu m’y dégourdir les jambes et m’imprégner un tant soit peu de son atmosphère particulière.
Rien d’artificiel dans cette ville bâtie en 1380 abritant quelques 1100 habitants. Tout est préservé. Ici pas de grande enseigne, seules quelques boutiques d’artisanat dont les vendeurs sont loin de harceler le chaland.
Pas de duel au goût de soda comme il peut être matérialisé par le matraquage publicitaire des géants Pepsi / Coca s’affrontant partout ailleurs au Népal ou en Inde dans les villes densément peuplées. Pas de publicité mettant en valeur des personnages occidentalisés à la peau blanchie bien éloignés des normes locales et faisant fantasmer la vie de nos contrées.
Les enseignes des opérateurs téléphoniques qui fleurissent partout ailleurs sont également absentes. Bien qu’il n’y soit pas impossible de posséder un téléphone portable on croise peu de gens la main greffée au téléphone.
Ici aucun prosélytisme malsain de la part des divinités de la Sainte CONsommation et qu’est ce que ça fait du bien!
Ces ruelles calmes, propres, lieux de rencontres et d’échanges, conservent leur charme moyenâgeux.
Les rues les plus calmes d’une capitale asiatique
Les seules enseignes des boutiques sont discrètement peintes à la main, seul le ciel uniformément bleu attire le regard, sans qu’aucun cable électrique n’obstrue la vue comme ça peut être le cas dans les ruelles de Katmandou.
Thamel, quartier commerçant de Katmandou
A Lo Mantang, on n’a rien mais on n’a besoin de rien.
Ce sentiment d’être vraiment ailleurs fait du bien. Cependant le fait de n’avoir aucun moyen de communication et de transport, si ce n’est le cheval, peu évidemment devenir un problème. J’imaginais notamment devoir rentrer à Jomoson à dos de cheval à cause de ma petite blessure. Si ce n’est pas un réel problème pour moi cela peut l’être au quotidien pour les Lobas et que c’est aussi pour cette raison qu’on ne peut pas cracher sur la construction de routes.
Entourés par cette muraille on se sent un peu dans un village d’irréductibles gaulois, sauf que les légionnaires contre lesquels doivent se battre les lobas ne sont pas des guerriers armés de lances et de gourdins mais plus subtilement des voisins qui souhaiteraient remplacer l’autosuffisance par un mode de vie basé sur la (sur)consommation qui, on connait la fin de l’histoire, finira par créer inégalités, chômage, le stress et le pire des mal “l’ennui’.
En attendant, les groupes de vieillards, de femmes et d’enfants se partagent les petits espaces que l’on trouve au détours des ruelles. Les vieux font tourner leur moulin à prière en discutant, les femmes tournent autour des murs de moulins à prières…
Mur de moulins à prière
Quelques pickup passant et transportant de la marchandise chinoise laissent craindre le pire quant à la préservation de cette culture et de ses traditions. Espérons que les Lobas sauront faire la part des choses entre les bienfaits et les méfaits de la modernité.
Mais à ce jour, ce sont toujours les troupeaux divers et variés qui sont encore majoritaires sur les routes de la ville.
A la tombée du soir, alors que la lumière se fait rasante sur les collines granitiques du plateau tibétain on assiste au ballet des troupeaux rentrant des plaines, les chèvres puis les dzo (croisement de yack et de zébus, plus docile et fort que le yack) et les innombrables chevaux.
Le retour des troupeaux
Le retour des troupeaux
La vie monastique de Lo Mantang et le festival Tenchi
La vie monastique occupe une grande place dans la vie de Lo Mantang et du Haut Mustang d’une façon générale.
Pour 10 US$ un moine nous a fait visiter le Choodhe gompa (monastère), ses salles de classe et son temple.
La visite du musée faisait aussi partie de la prestation. Le musée, petit par la taille mais immense par les trésors qu’il contient regorge d’objets rituels, masques, tangkas, vêtements, parures ancestrales et textes bouddhiste gravés dans le bois datant de plus de 2000 ans pour certains ainsi que des texte Bonpo, réligion ayant précédée le bouddhisme datant de plus de 3000 ans.
Lors de notre visite du gompa et de son école nous avons pu croiser de jeunes moines répétant sérieusement mais dans la bonne humeur leur pas de danse pour le festival Tenchi prévu quelques jours après notre départ.
Festival Tenchi
Puis c’est à la préparation de leurs ainée à laquelle nous avons eu la chance d’assister.
Une répétition en musique lors de laquelle raisonnaient dung (trompes), conques, tambours et cymbales.
Il faut savoir qu’il est interdit de filmer au Mustang sans autorisation et sans s’acquitter d’un permis de 7000€ délivré par le ministère de l’information et des communications… Donc si vous suivez mon raisonnement je suis un peu une hors la loi qui mériterait d’être enfermée dans les geôles du palais royal :).
Tenji est l’abréviation de “Tempa Chhririm”, ce qui signifie “Prayer for world peace” a lieu tous les ans entre mai et juin depuis le 15ème siècle. Ce festival commémore la victoire du bouddha “Dhorje Sonam” sur le démon Ma Tam Ru Ta qui causait tempêtes et sécheresses détruisant les maisons et anéantissant le bétail.
Festival Tenji
C’est sur ce spectacle que c’est achevée notre découverte de Lo Mantang.
Guide pratique :
– La visite des monastères de Choodhe, Jamp, Thupchen et du musée monastique coûte 10US$