Kagbeni, soleil, poussière, Tchele

Rappel du contexte :
Juin 2012, trois amis et moi nous sommes rendus au Mustang, royaume TIbétain sous protectora Népalais pour un treck. Cet article correspond à la deuxième journée de marche.

Cette deuxième journée, bien qu’un peu plus longue que la première n’a pas été beaucoup plus difficile. Nous avons poursuivi notre route le long de la Kali Gandaki tels que le faisaient les caravaniers reliant l’Inde au Tibet.

L’entrée officielle au Mustang
C’est à la sortir de Kagbeni qu’il faut présenter son permis de treck pour pénétrer en règle dans le royaume du Mustang.
Au format de nos permis de conduire Français mais jaune, il contient le détail du parcours du treck qui doit être validé par un garde au checkpoint symbolisant l’entrée au Mustang.
Bien que ce ne soit qu’une formalité et qu’il n’y avait pas de file d’attente de treckeurs (pas comme sur l’Everest…), notre entrée dans le royaume fût retardée de quelques dizaines de minutes par un volubile garde frontière conversant d’on ne sait quoi avec notre guide.
Le checkpoint se trouvant dans un (tout) petit musée nous avons pu patienter le temps qu’il remplisse toute la paperasse en lisant des posters sur l’histoire du Mustang, tâchant de retenir les noms et la distinction entre les tabliers des femmes mariées et des célibataires encore portés quotidiennement par une partie des villageoises. Malheureusement, comme partout le synthétique remplace le poil de yack et les plus jeunes, les enfants notamment, portent pour la plupart des tenues “occidentalisées”.

kagbeni mustang

Une fois cette formalité validée nous avons commencé notre marche à la sortie de Kagbeni sur des routes de cailloux et de terre dont la poussière se soulève à chaque passage de jeeps ou de troupeaux de chèvres.

chevres auxi mustang

Le bétail est le principal être vivant que l’on peut croiser au Mustang, il représente la première source de revenu des habitants des villages qui, l’été terminé, se dirigent vers le Sud pour vendre leur bêtes.
Bien que le passage d’un troupeau de chèvre oblige à se couvrir la bouche et le nez afin de le pas commencer la journée par se remplir les poumons de poussières nous préférions bien évidemment leur passage aux passages des jeeps klaxonnant pour se faire remarquer, comme si dans cet environnement désert et silencieux nous ne les entendions pas arriver.

D’ici quelques années, j’imagine que d’autres routes auront été construites, que celles-ci auront été goudronnées comme j’ai pu en faire le constat au Ladakh (Inde) et que de plus en plus de jeep circuleront au grand dam des amoureux des grands espaces (je reviendrai sur le débat dans un article futur relatant notre retour du treck).

Les mamans au Mustang
Une longue longue montée dans un paysage on ne peut plus désertique où chapeau ou “turban” étaient de rigueur, nous a offert une vue plongeante sur deux villages verdoyants.

kali gandaki mustang

Ce panorama était annonciateur d’une pause “lemon tea” bien méritée à l’arrivée dans cet “oasis” d’altitude.

La descente vers le village fût assez rude, nous avions quitté la route carrossable pour sur un étroit sentier, très raide et rendu glissant par les nombreux petits rochers et galets qui le constituaient. De bonnes chaussures pourvues d’une très bonne semelle et un bâton de randonnée ne sont, de mon point de vue de “pied-cassé”, pas un luxe.

Soulagés d’en avoir fini avec cette descente nous avons traversé les ruelles du village, pour certaines très étroites, nous délectant de l’ombre qu’elles pouvaient donc nous apporter. Nous avons suivi les porteurs, Mané et Kansa, partis en éclaireurs à la recherche d’un endroit où nous poser, dans ce dédale qui nous a emmené dans une aussi rustique que jolie petite maison aux murs de terre.
Dans celle-ci un nouveau né était baigné par sa mère assisté de ce que nous supposions être une sage-femme. Le bain donné, toutes les générations de femmes de la famille se sont rassemblées autour de ce bébé à la peau délicatement huilée qui semblait tout à fait à son aise.

kali gandaki mustang

Réhydratés et « coco crunchés » (en référence aux biscuits comblant ma fringale quotidienne du matin) nous avons repris notre route.
Après avoir marché un moment entre les montagnes arides, sans végétation aucune et à la couleur grise presque lassante, croisant quelques sadhus aux pieds nus (comme quoi mettre des centaines d’euros dans des chaussures de treck n’est pas indispensable), c’est au grès d’un virage que nous découvrîmes l’un des plus beau paysage du treck: un canyon aux nuances d’ocre, de rose, de beige et de blanc contrastant avec le bleu du ciel, la verdure caractéristique de l’approche des villages et le “noir” de la Kali Gandaki. La luminosité était telle sur ces falaises que j’en ai réussi à rater mes photos faute d’avoir pris le temps de mettre en œuvre les réglages adéquats. L’intensité des couleurs est donc moindres sur les photos que dans la réalité.

kali gandaki mustang

Et la route s’est ainsi poursuivie au grès des reliefs, des teintes de rose, de vert et de bleu pour se terminer par une bonne grimpette dans le village de Tchele.
Les chaussures de rando déjà indispensables la veille dans les éboullis l’étaient toujours en cette deuxième journée surtout en cette fin de parcours

Tchele Mustang

Arrivée sur Tchélé

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Tula : guide et allégorie de la volonté
Cette journée m’a permis de faire un peu plus ample connaissance avec notre guide népalais prénommé Tula avec qui j’ai pu pas mal discuter au cours de la journée.

Tchele Mustang

Tula notre guide

Les deux jours précédents avaient déjà clairement mis en évidence sa gentillesse et simplicité.
Mais lors de cette journée j’ai en plus pu décourvrir en lui une volonté forçant le respect
Si nos tout premiers mots ont été échangés en anglais j’ai très vite pu switcher sur le Français. Tula apprenant notre langue à l’Alliance Française depuis mai (nous étions alors mi-juin) et ,même si quelques mots lui manquaient, quelques points de grammaire étaient évidemment à revoir, il était capable de tenir des conversations. J’avais presque honte moi qui suis sur ma méthode Assimil “hindi” depuis si longtemps.

Chaque soir, il venait nous rejoindre après les repas avec son livre de français afin que nous travaillions ensembles des points précis.
Durant le treck il était presque constamment branché sur ces écouteurs à écouter et répéter les leçons audio que l’Alliance lui avait fourni, parfois même sans ces écouteurs… de quoi donner l’envie à David de marcher plus vite pour cesser d’entendre “Question pour un….. voyage” (un remake de Question pour un champion destiné à faire travailler les élèves sur des noms de pays aussi couramment utilisés que “St Pierre et Miquelon”..

Son émouvante envie d’apprendre et sa détermination nous donnait une belle leçon de volonté en ce début de treck.

Infos pratiques :
– Permis pour le upper-mustang : 500$ pour dix jours les treckeurs doivent voyager par deux minimum (dans le cas contraire le treckeur doit payer deux permis) + un guide obligatoire.
– Douche disponible dans la maison où nous avons dormi, compter 150 roupies (1,5€) pour une douche plus ou moins froide ;

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