Vol improbable pour Jomoson

Notre première journée de treck aurait pu être considérée comme une journée test. Non pas en ce qui concerne l’évaluation de nos capacités physiques car la marche s’annonçait assez courte mais plutôt de la patience dont nous étions capable de faire preuve durant l’attente incertaine de notre vol pour Jomoson, point de départ de notre treck..

Incertitudes à Pokhara

Arrivés la veille à Pokhara après 7h de bus touristique depuis Katmandou, et une nuit à pester contre l’entrepôt à fromage de Yack situé juste à côté de notre hôtel et dont les frigos faisaient un bruit d’enfer, nous nous sommes lévés très tôt, à 4h30 pour être à 5h30 à l’aérodrome sans savoir vraiment à quelle heure le vol décollerait ou même s’il décollerait en raison des nuages annonçant l’arrivée imminente de la mousson sur le pays.
Nous avons donc patienté des heures, observant le ciel complètement bouché, espérant la moindre ouverture qui permettrait aux avions de décoller, alternant donc, optimisme à la moindre petite percée de ciel bleu à travers les nuages et pessimisme lorsque ces volets se refermaient presque instantanément.

Aeroport Pokhara

Ciel de mousson sur Pokhara

Le suspens aurait pu durer jusque 10h, deadline fixée par Tula, notre guide, qui, si elle était atteinte nous imposerait un long voyage de 10h en bus local. Même si un tel trajet permet de parcourir les paysages du Népal nous étions peu enclins à commencer le treck cassés.
Mais à 9h30, après 4h à vider des cafetières et à tourner en rond sur le toît de l’aéroport, nous eûmes le plaisir d’entendre quelque chose comme “Embarquement immédiat des passagers à destination de Jomoson dans le vol de Tara Air”. C’est donc paradoxalement heureux et angoissés que nous nous sommes dirigés vers l’appareil.
Angoisés, parce qu’à partir de cet instant, et plus je m’avançais vers l’appareil plus mes jambes étaient prises de tremblements aussi surprenants qu’un incontrôlables en raison des conditions météo et géographiques particulières et du fait qu’un mois auparavant un avion c’était écrasé sur cette même ligne à l’approche de Jomoson.

Aeroport Pokhara

La bande prête à embarquer!

Le petit appareil d’une vingtaine de places paraissait bien étroit et semblait aussi surchargé qu’un bus de « commuters » le matin à Delhi, à la seule différence que personne n’était accroché aux portes durant le trajet. Le fait qu’il s’agissait d’un Pilatus, ’avion puissant, que je voyais quotidiennement voler au dessus de chez moi durant mon enfance sans qu’aucun accident ne soit à déplorer ne m’a pour autant mise en confiance.

Il y avait dans ce vol une majorité d’étrangers : une jeune femme qui, à la sortie de l’avion, nous a demandé la direction pour le Tibet, un groupe de journalistes chinois très sympathiques si ce n’est qu’ils considéraient que Lo Manthang se trouvait à seulement quelques kilomètres de la Chine… deux points de vue très différents donc.

Décollage
David et moi étions placés à l’avant de l’appareil, juste derrière le cockpit d’où nous pouvions surveiller les moindres faits et gestes du pilote. Cela nous a aussi permis de profiter du paysage et quel paysage! Un paysage qui vous envoûte, des sommets qui vous hypnotisent et vous font oublier vos frayeurs. Très vite ils se sont fait une place dans nos hublots. Anapurna, Nilgiri, Daulagiri semblaient alors très proches. Peu avant l’arrivée sur Jomoson, l’avion semblait foncer sur un mur de glace, nous ne voyons plus que du blanc à travers la vitre du cockpit, c’était assez incroyable. Puis, tout en maîtrise, l’avion à quelque peu changé de cap, nous évitant ainsi de nous retrouver congelé tel des Ensibernatus* pour l’éternité dans l’Himalaya et est descendu sur Jomoson, de l’autre côté de ces chaines donc, où les paysages étaient complétement différents de ce qu’on avait vu jusqu’à présent : arides.

Après un atterrissage tout en douceur les porteurs, Mané et Kansa et notre guide Tula se sont occupés de récupérer nos sac, bâtons de rando (non admis en cabine), de faire valider nos permis de treck dans l’Anapurna Conservation Area nous permettant d’entamer en toute légalité nos premières heures de marche.

*Ensibernatus : ENSIB (l’école d »ingé qui nous lie tous les quatre) + Hibernatus. L’ensibernatus serait donc un étudiant en « maitrise des risques » n’ayant pas su gérer les risques météo et technologiques liés à un vol Jomoson Pokhara en début de mousson.


Direction Kagbeni

Cette première journée avait pour objectif Kagbeni, “la porte du Mustang” un village situé à 2900m d’altitude sur les bords de la Kali Gandaki, la rivière noire qui serpente au fond du plus haut canyon du monde.

Kali Gandaki rive

La Kali Gandaki : rivière noire

Les premiers pas ont donc eu lieu en plein soleil dans le lit de la rivière presque à sec en cette saison. Le plat alternait avec les chemins plus escarpés le long des flancs de falaises et la marche sur les éboulis de galets qui, par cette occasion, m’ont fait prendre conscience de la complexité de la musculature métatarsienne.
Au cours de la journée le vent est devenu de plus en plus fort, s’engouffrant dans l’entonnoir que forme la Kali Gandaki entre les sommets de l’Anapurna et les Daulagiris chaînes aux sommets dépassants pour certains les 8000m.
Cette première journée de marche fût courte et plutôt facile. Après seulement quelques heures d’effort et un gros coup de soleil, nous aperçume Kagbeni, la verdure de ses champs de blé et de riz et ses maisons à l’architecture Tibétaine.

Kagbeni
A l’instant où nous aperçumes le village il n’y avait pas d’autre qualificatif que “whaaa”, j’étais déjà comblée par le spectacle qui m’était offert.
Le treck aurait presque pu s’arréter là, l’émerveillement et les émotions étaient déjà au rendez-vous.
Cette sensation s’est poursuivie lors de la visite du village fortifié après avoir déposé nos affaires dans une magnifique guesthouse, très belle et typique maison Tibétaine, que le sourire des hôtes ne rendait que plus accueillante et dont les mets étaient parmi les meilleurs savourés durant le treck. J’y ai d’ailleurs goûté mes premiers morceaux de Yack dans une très bonne tukpa (soupe).

Kali Gandaki rive

Kagbeni, ville fortifiée moyen-âgeuse

Nous nous sommes rendus au gompa (monastère) du village, la Kag Chode Monastic School, dont un moinillon nous a ouvert les portes.

Gompa de Kagbeni

Gompa de Kagbeni

Du toit de celui-ci nous avons pu observer au Sud la neige éternelle du Nilgiri (7061m) et au Nord la Kali Gandaki qui suivait son cour vers le Haut-Mustang.

Nilg

Le Nilgiri et ses plus de 7000m

Le lendemain matin, c’est très tôt, à 5h, mais de la plus belle des façons que nous nous sommes levés afin d’assister à la puja (prière) donnée quotidiennement par les petits moines avant de poursuivre notre route vers le village de Tchele, notre seconde étape.

Kali Gandaki rive

La Kali Gandaki nous mène vers le haut Mustang

Infos pratiques Mustang :
Permis de treck : jusque Kagbeni le permis pour L’Anapurna conservation area est suffisant et coûte 20$ ;
Manger entre Jomoson et Kagbeni :Munal Guest House à Eklibhatti ;
– Où dormir à Kagbeni: à l’hôtel « 3 Chörten* » le Shangri-La, chambre propres, douches et wc individuels, excellent restaurant « 3 Yack* » (* Yack et Chörten ne sont aucunement des classements officiels, juste les notres :))

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *