Rappel du contexte du voyage :
J’ai suivi les étudiants de mon école d’ingénieur membres de l’association « 5 sommets 5 continents » au Ladakh afin de participer à des missions de solidarité dans des villages touchés par les graves inondations de 2010.
Pour notre dernière soirée sur Leh avant de partir dans les villages, il était prévu que nous participions à la marche de commémoration des victimes des inondations (ayant eu lieu exactement un an auparavant) qui devait avoir lieu à la bougie à Leh. Mais nos informations étaient erronées et la marche n’était en réalité prévue que le lendemain alors que nous passerions notre première soirée dans les villages.
Nous sommes donc allés rencontrer les membres de l’association LSTM (Ladakh Society for Traditional Tibetan Medecin) dont la coordinatrice française, Christine travaille pour l’association Nomad RSI qui nous a permis de nous engager sur un projet de restauration des canaux d’irrigation.
Durant cette rencontre Christine a commencé par une présentation de l’association, de ses membres, ses objectifs, sa façon de travailler. Nous sommes restés absorbés par ses paroles qui nous ont fait prendre conscience de ce pour quoi on été là et du réel impact de notre action sur la vie quotidienne des Ladakhis.
L’association LSTM et son partenariat avec Nomad RSI
LSTM est une association Indienne fondée il y a un peu plus de 10 ans par des Ladakhis souhaitant promouvoir et protéger la médecine Tibétaine au Ladakh. Elle travaille en partenariat avec Nomad RSI une association présente dans les pays du Sud dont l’objectif est d’encourager la diversité thérapeutique et la préservation de l’environnement.
Présentation de l’action de Nomad RSI au Ladakh
Concrètement Nomad RSI a soutenu LSTM dans la création d’une école de médecine Tibétaine (dont les médecins sont appelés Amchi) à Leh dont le principal objectif est d’assurer l’accès aux soins à toutes les populations, même dans les villages reculés. Les seuls médecins qui exercent un mode de pratique à l’occidentale se trouvent sur Leh et se déplacent peu ou pas dans les villages. Tout cela :
– En formant des médecins aux méthodes de diagnostique, à l’hygiène et à la prévention ;
– En formant les médecins à la culture et préservation des plantes médicinales ;
– En responsabilisant les populations à la sauvegarde de leur culture et les impliquer socialement ;
– En permettant à des jeunes de tout milieux de suivre les longues études de médecine tibétaine. Christine nous a d’ailleurs fait part de l’histoire d’un jeune musulman Ladakhi qui souhaitait à tout pris faire des études de médecine Tibétaine bien que cela ne faisait pas parti de sa culture, malgré les problèmes logistiques liés au fait qu’il vivait totalement à l’écart des autres (les musulmans et bouddhistes ne peuvent partager de repas commun et les musulmans ne pouvant manger ce qui a été préparé par un bouddhiste) ses études se déroulaient plutôt bien. Malheureusement elles ont pris fin suite à des problèmes de santé de son père qui l’ont obligé à retourner dans son village pour s’occuper de sa famille.
Rencontre avec l’amchi Karma Chodon
Christine a ensuite laissé la parole à Karma Chodon une timide amshi Tibétaine professeur dans cette école afin qu’elle nous en dise plus sur sa pratique.
Karma Chodon, Amchi Tibétaine
Parfaitement à l’aise dans son élément cette fille de réfugiés Tibétains a tenté de nous vulgariser ce qu’est la médecine Tibétaine. J’avoue que celle-ci a encore bien des mystères pour moi. Ce type de médecine est fondé sur l’équilibre des humeurs circulant dans le corps et en relation avec l’environnement.
La maladie serait due à un déséquilibre de 3 humeurs : rLung (vent, flux subtil, lié à l’élément air, il porte les mouvements du corps, de la parole et de l’esprit), mKhris-pa (bile, lié à l’élément feu, équilibre la thermorégulation, intervient dans la digestion), et Bad-kan (phlegme, lié à l’eau et à la terre, maintient la souplesse des articulations, contribue à mélanger les aliments dans l’estomac).
Les méthodes de diagnostic consistent en l’écoute du patient, en la prise de son pou et en l’observation de sa langue. Les consultations sont gratuites, seuls les médicaments réalisés à base de plantes médicinales sont parfois facturer quelques roupies.
Après ce petit cours nombre d’entre nous a souhaité prendre rendez-vous avec Karma pour un bilan de santé.
Je vous invite à lire le beau portrait de Karma parut dans un magazine féminin.
Présentation du projet « canaux d’irrigation »
Suite à cela Christine nous a fait un topo sur l’origine du projet « canaux d’irrigation » et ses objectifs.
Ce projet a été pensé par Gonbo un membre de l’association LSTM dont le village a été sévèrement touché par les inondations d’aout 2010. La rivière qui passait dans son village est sorti de son lit noyant au passage les champs des paysans et détruisant les canaux d’irrigation. Malgré la décrue la rivière n’a pas repris son cours initial et des paysans avaient donc perdus toutes leurs ressources.
L’idée de se projet en deux phases était donc de dévier à nouveau la rivière (ce qui a été réalisé par des ouvriers venant du Népal) et de reconstruire les canaux d’irrigation (ce sur quoi une partie de notre groupe est intervenu).
Dernière soirée à Leh : commémoration des inondations
Après cette enrichissante après-midi nous avons continué la soirée par une balade dans les rues de Leh.
J’y ai suivi l’appel du son de tambours qui m’ont emmené dans un temple Tibétain où avait lieu une commémoration en mémoire des victimes des inondations. Un moine m’ayant fait signe d’entrer j’ai donc retiré mes chaussures pour enjamber les gens assis en tailleur à même le sol et aller m’assoir auprès d’eux.
Le temple été plein à craquer, rempli de ladakhis d’un côté en civil, de l’autre dans leurs habits de moines. Au centre un jeune moine récitait la prière. N’ayant aucune base de Tibétain et qu’un unique mot de Ladakhi dans mon vocabulaire je n’ai rien compris à ce qui se disait. Néanmoins, même si je me suis sentie un peu seule au milieu de tout ces gens aux yeux bridés, je me suis contente d’avoir eu le privilège de partager ce court moment avec eux.
La nuit s’est terminée à l’hôtel pour une dernière soirée tous ensembles avant de nous séparer en trois groupes sur nos chantiers respectifs.
Cette soirée a été animée par quatre anniversaires, l’au-revoir et les remerciements à Jampa notre accompagnateur et par un dernier émouvant débrief’ qui a donné la larme à l’œil à bien plus d’une personne.
Alexandre, Jampa, Khenrab, Aurélien
A bientôt les amchis!