Dystopie des neiges par temps de pandémie

Ce 7 février 2021, un froid venu de l’Est (comme par hasard) allait pendant une journée balayer l’année écoulée et nous ramener dans le monde d’avant, en février 2020.
Loin d’avoir encore davantage figé une population amorphe, il l’a un peu revigoré, au moins le temps d’une journée en attendant le monde d’après qui commence à tarder.

Des petits flocons avaient chahuté dans le ciel toute la journée, les rafales avaient bien tenté de pousser les habitants à rentrer chez eux, mais des gangs d’enfants en tenue de ski, armés de tout ce qui pouvait servir de luge avaient décidé de se rebeller et d’embrigader leurs parents.

Face aux manifestations d’extrême droite craintes sur le Museum Plein, des manifestations de joie de vivre prenaient la maquis dans les parcs, les petits résistants se retrouvaient au coin des ruelles pour s’organiser des attaques de boules de neiges et mettre sur pied des plateformes de décollage… de luge.

Du petit matin jusqu’à la nuit tombée, les parents, déjà mal menés par la fermeture des écoles post Saint-Nicolas, traînaient leurs fardeaux : des enfants indolents assis sur des luges ou dans des bassines pour les moins prévoyants. Petits dictateurs qui avaient décrété la dissolution des relous donneurs de leçons.

Une nouvelle menace insidieuse, pesait sur notre société bien rangée, disciplinée, raisonnable et grave : les adultes qui avaient mis une année à remplir leur esprit de soucis allaient retomber dans une naïveté puérile et un détachement indigne.

Les chiens s’étaient alliés à leur petits maîtres, tirant par la laisse leurs fournisseurs de croquettes jusqu’aux espaces verts recouverts du tapis blanc prés à accueillir le peuple élu.

Certains construisaient déjà des temples-igloo, armés de pelles et de sauts.

Les moyens de transport locaux avaient été immobilisés.

Face à cette nouvelle menace, Romain et moi avons essayé de comprendre, non-violents que nous sommes, nous avons misé sur l’empathie, enfilé notre costume d’enfant : moufles, doudounes aussi confortable qu’inélégant et avons tenter de retrouver une âme d’enfant en nous laissant glisser de congère en congère.

Dans le Jordan, poussés par le diable, les adultes se pressaient aux portes des cafés bruns pour récupérer leur fiole de Gluhwein, devenue la boisson la plus populaire de la saison automne-hiver 2020-2021.
Des groupes, oui comprenez bien des gens regroupés, à plus de 2 et autrement qu’en couple, profitaient de l’étroitesse des vielles rues qui ne permettaient pas aux patrouilles de passer filer la trouille, pour se rapprocher dangereusement, parfois à poil moins de 1,5m les uns des autres.
La convivialité et la chaleur humaine qui avaient depuis presque un an eu bien du mal à s’exprimer tentaient des percées.
Les âmes d’enfant refoulées avaient gagnés.

Et puis, c’est dans l’aprés-midi, qu’enfin ils étaient apparus, comme l’avaient prédit les nivologues, bien que longtemps pris pour des fous par les climato-sceptiques et autres damnés de la science.
Venus du ciel pour nous apporter la bonne parole et nous délivrer : les bons-hommes de neiges.
Avec leur sourire sarcastiques, leurs regards minérals, leurs nez carotte crochus sortis d’un rayon biologisch , c’était évident, ils allaient nous mener tout droit vers la démesure, l’excès, la dissonance.

Le blizzard était tombé, nos corps étaient fatigués, nos esprits amusés et reposés, les envahisseurs avaient gagnés.

3 commentaires pour “Dystopie des neiges par temps de pandémie

  1. Il nous manque quand même une preuve visuelle de votre implication dans la bataille: où est votre uniforme confortable et disgracieux ??
    Pleins de bisous à tous les deux !

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