De Delhi à Leh par la route – j4 – Le Ladakh ça se mérite

Rappel du contexte du voyage :
J’ai suivi les étudiants de mon école d’ingénieur membres de l’association « 5 sommets 5 continents » au Ladakh afin de participer à des missions de solidarité dans des villages touchés par les graves inondations de 2010. Nous étions en route pour Leh après déjà 3 jours de route

La dernière étape de notre voyage et non la moindre nous mena donc de Darsha à Leh, capitale du Ladakh.
Cette étape était censée débuter 30 kilomètres plus loin à Sarchu mais suite à nos ennuis mécaniques c’est plus au Sud que nous avions terminé notre avant dernière étape, à Darsha. Après une bonne nuit de sommeil dans notre cabane en tôle nous étions tous à peu près réveillés avant 6h du matin, pressés de repartir sachant qu’une longue, longue journée de route nous attendait.

darsha toilet

La panne que nous avions subit n’étant pas réparable sur place et ayant perdu le peu de confiance que nous avions déjà en en les bus indiens nous avons troqué notre bus contre cinq jeeps. Bien sûr Darsha étant un minuscule village il ne disposait pas d’un service de taxi-jeep disponible immédiatement sur demande… les jeeps les plus proches pouvant venir nous récupérer étaient basées à Manali… oui Manali la ville que nous avions quitté plus de 24h plus tôt et qui était à environ 12H de route de là si mes souvenirs sont bons. Jampa, notre accompagnateur, a donc de nouveau fait appel à un ami. Il s’agissait cette fois de Dorjee, la personne s’étant chargée de l’organisation du périple. Dorjee nous a alors dégoté les véhicules et surtout leurs conducteurs. Ces derniers, capables de résister tels des sur-hommes à la fatigues et ayant l’expérience de cette route ont relevé le défis consistant à conduire près de 24h d’affiler pour pour amener à Leh.
Vous me direz, « pourquoi ne pas être raisonnable et prévoir une étape supplémentaire ? ». Cette possibilité était difficilement envisageable étant donnée que nous allions traverser un no-mans land et que nous n’étions pas équipés pour camper.
Les jeeps étant parties de Manali à 21h la veille elles n’étaient évidemment pas arrivées à notre réveil.
Nous avons donc patienté en bouquinant, en nous nourrissant de chappattis à la confiture et de milk-tea. Nous avons également profité du calme et du levé du soleil dont les premiers rayons se frayaient un chemin entre les sommets environnants.

Darsha

Réveil à Darsha

Régulièrement nos regards se tournaient vers la route que nous pouvions observer sur les crêtes nous entourant, à l’affût, espérant voir arriver notre convoi de jeep. Mais durant 3 heures seuls quelques camions passaient de temps à autres, remuant la poussière, klaxonnant pour prévenir de leur arrivée et gâchant par conséquent un peu le sentiment de plénitude que pouvait nous apporter de tels paysages.

C’est vers 9h que les jeeps sont enfin arrivées, nos affaires étaient prêtes depuis longtemps à être chargées dans les coffres et sur les toits. Nous étions rassurés de voir arriver des jeeps dans un très bon état se qui remontât la côte de confiance des moyens de transport indiens. Nos chauffeurs fatigués se sont néanmoins accordés une petite pause pour manger un peu et se reposer des 12h de trajet qu’ils avaient déjà parcouru.
Une heure plus tard, confortablement installés, aux rythmes de la compilation de musique Ladakhi de notre chauffeur, nous démarions pour la journée qui allait être la plus longue mais aussi la plus splendide du trajet car cette fois ci nous allions entrer au Ladakh pour de bon.

Réveil à Darsha
Nos jeeps

Nous laissions alors notre bus, son chauffeur et son assistant à Darsha sachant qu’ils seraient certainement bloqués là pour plusieurs jours, au moins, le temps qu’un mécano compétent et possédant les pièces nécessaires puisse les débloquer.

Après quelques dizaines de kilomètres de route nous entrions au Ladakh. Les paysages vierges étaient incroyables pour moi qui les avais rêvés à la lecture de livres et magazines.
Nous passions de plaines désertiques à des paysages presque volcaniques, roulants dans des ruisseaux et parfois à côté de bloc de glaces dont le réchauffement climatique n’était pas encore venu à bout.

Réveil à Darsha
Nos jeeps

Nous avons fait très peu de pause ce jour là afin de ne rouler le moins possible de nuit sur ces routes étant à mille lieux de tout éclairage public.

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Nous n’avons presque croisé personne de la journée, avons vu au loin un ou deux village tout au plus, la région semblait n’avoir jamais été habitée si ce n’est par les ibex et les kiangs que nous avons eu la chance d’observer à l’état sauvage.

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C’est seulement après Sarchu, que nous nous sommes arrêtés pour déjeuner et pour avoir nos premiers contacts avec les populations Ladakhis.

Nous avons déjeuné dans une espèce de Yourte tenue par deux femmes proposant des repas aux routiers. Cette pause fût appréciée, fatigue, forte chaleur, mal de l’altitude, se lisaient sur les traits de chacun. A noter tout de même, que pour la première fois de ma vie je tirais la langue par politesse . Pour les populations Tibétaine tirer la langue permet de dire bonjour et de remercier, cela provient de la légende selon laquelle les démons ont la langue bleue, tirer la langue permet donc de montrer pate blanche… attention aux amateurs de stroumphes ou autre sucreries colorants la langue ça serait dommage de commencer (et finir) ses vacances sur un bûché.
Bref, nous avons repris la route peu après l’arrivé d’un bus de femmes Ladakhies somptueusement vêtues de tenues traditionnelles se rendant dans un monastère du côté de Leh.

Cet après-midi là, encore plus que jusque là les paysages incroyables se sont enchainées, des pentes abruptes aux vastes pleines, observant les sculptures d’un artiste nommé « érosion » et passant des cols toisant le Mont Blanc.

 

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Lachulung La

La fatigue et oserais-dire la lassitude (je parle ici du raz-le-bol d’être balloté dans tous les sens depuis 4 jours et pas du fait que nous soyons blazés des paysages car il est impossible de l’être) se sont installées chez la plus part d’entre nous à l’entrée d’une gigantesque pleine que l’on pensait infinie.
Nous avons traversé cette plaine à plus de 4000m d’altitude durant deux heures je pense ce qui nous a permis de profiter de l’un des plus beau couché de soleil qu’il soit donné de voir. Les montagnes rocailleuses sont alors passées du beige à l’orange puis au rouge.

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A la sortie de cette plaine nous avions tous les yeux tournés vers le ciel se faisant de plus en plus sombre et vers le prochain col qui nous devions passer, Takhlang-la (« la » signifiant col )à 5300m d’altitude. Nous espérions passer ce col en même temps que les derniers rayons du soleil mais la course était inéluctablement perdue et c’est dans la nuit noire, la lune se reflétant sur les dernières neiges que nous avons franchi ce dernier.
La redescente du col se fit donc dans l’obscurité la plus profonde, on n’arrivait plus à discerner le bord de la route, ce qui n’était pas vraiment rassurant étant donné que nos chauffeurs étaient exténués de leur journée de route. Mais on pouvait véritablement faire confiance en leur vigilance et endurance, ils avaient l’habitude de cette route au point d’en connaitre l’emplacement de chacun des nids de poules.
A environ une heure de Leh, nous traversions nos premiers villages Ladakhis et reprenions espoir d’arriver à Leh avant d’être morts de fatigue. Mais c’était sans compter sur l’imprévisible dame nature qui provoqua un éboulement qui nous bloqua de longues minutes car encore une fois il fallut négocier le passage avec un camion arrivant en contre sens.
Mais tout fini toujours bien en Inde et nous avons finalement pu arriver à Leh vers minuit.

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