Au cœur de la vie des réfugiés Tibétains de Katmandou 1

Pour des raisons de VISA indien arrivant à expiration j’ai été « forcée » de m’exiler au Népal le temps de régler quelques démarches administratives. Comme vous pouvez l’imaginer l’exil n’a pas été un trop gros sacrifice. En effet, il fut l’occasion de m’immerger dans la culture Tibétaine à laquelle je m’intéresse de près à travers la lecture de récits de voyages ou de document historiques depuis déjà quelques années. Cette fois, les rêveries allaient devenir réalité. J’allais vivre au Népal, auprès des réfugiés Tibétains, qui eux n’avait eut d’autre choix que l’exil. J’allais pouvoir faire l’expérience de leur vie quotidienne à Katmandou, ses difficulté mais aussi de ces bons moments. Cette expérience, je me considère comme privilégiée, d’avoir pu la vivre. Que demander de plus enrichissant que ces moments que je vais relater dans cet article et les suivants? je n’ai pas encore trouvé…

Par le biais de l’association Solhimal (Aide au Tibet et aux peuples de l’Himalaya), j’ai participé à une mission éducative dont le but était de donner des cours d’informatique à des enfants Tibétains de la « Srongsten Bhrikuti Boarding Highschool ». Une école dont l’objectif et de donner accès à une éducation Tibétaine mais aussi ouverte au monde aux enfants réfugiés au Népal, dans l’espoir que la culture de ce pays ne s’essouffle pas par delà ses frontières volées.

Arrivée dans le « Tribhuvan International Airport » de Katmandou, après avoir déclaré sur l’honneur que je ne me sentais pas fébrile en cette période d’épidémie de grippe H1N1, j’ai pu très facilement obtenir mon VISA en l’échange de quelques dollars et rejoindre mon unique contact sur place.
Kalsang, une jeune Tibétaine travaillant à l’école, et Tenji, un ami à elle m’attendaient. De là, nous avons pris un petit taxi comme il en roule des milliers à Katmandou avec pour destination Bodhanath, le plus grand Chörten du Népal, au cœur du quartier Tibétain. Ce trajet fût l’occasion de découvrir le Katmandou que cachent les guides de voyages vendant à leur client la zénitude des statuts de Boudha présentent un peu partout (alors que le Népal est à majorité hindou). De la pollution, une urbanisation aléatoire, des véhicules bruyants déboulant de partout… Mais arrivé à Bodhanath, l’atmosphère change du tout au tout. Les rues se sont piétonnes, la pollution moins visible et résonne dans les ruelles des d’incantations Tibétaines diffusées à tout va par les commerçants du quartier.

Malgré le début d’une averse de mousson, nous en avons fait le tour de ce chörten démesuré, comme le font quotidiennement des centaines et des centaines de Tibétains et Népalais. J’étais en admiration devant… un peu tout en fait, le gigantisme du chörten (ou Stupa), le mélange des couleurs des drapeaux Tibétains y étant suspendus et bien sûr la vue des doux visages de ces Tibétains, laïcs ou moines, circumambulant avec ferveur.

Bodhana Katmandou

 

Bodhana Katmandou

Après avoir bu un classique « lemon ginger tea » sur le rooftop d’un café attenant, observant les vagues de nuages menaçants, Kalsang et moi avons quitté Tenzin pour nous rendre à l’école au sein de laquelle j’allais vivre, enseigner et partager le quotidien des enfants durant ce séjour.
De Bodhanath, à pied, nous avons emprunté une route rendue boueuse par la mousson qui nous mena jusqu’aux portes de l’école.
Au grès de ce chemin, et de bien d’autres dans Katmandou, on prend conscience que ces pas ce font dans l’un des pays les plus pauvres du monde, matériellement parlant. Delhi et Katmandou, pourtant si proches, sont incomparables, bien sur de part leur situation géographique mais également de part leurs infrastructures.
A part quelques voies principales à peu près bon état la plupart des rues, quand elles ne sont pas justes en terre, sont ornementées de nids de poules que ne peuvent éviter les taxis et rickshawallas.

rue Katmandou

 

Après dix minutes de marche à peine me voilà pénétrant dans la magnifique école. A ma grande surprise je la découvre très grande (composée de 5 bâtiment : un pour les bureaux, un autre pour l’école en elle-même, un pour la maternelle et deux pour le logement des élèves et personnels), neuve, très propre.

ecole Schrongtsen katmandou

Kelsang me fait ensuite découvrir son petit appartement qui n’a pas grand-chose à envier à ceux dans lesquels j’ai vécu au cours de mes études. Les deux chambres, le coin cuisine, la salle de bain, étaient décorées d’une façon typiquement Tibétaine : tapis finement brodés, photos de moines,… . On aurait pu imaginer trouver des posters de groupes indiens voir même occidentaux dans les chambres de jeune rattrapés pas l’uniformisation des cultures mais c’était loin d’être le cas. Au contraire, c’était là bien un signe du refus qu’on les Tibétains d’abandonner leur pays, leur culture.

Puis ce fût à mon tour de découvrir ma chambre avant que nous nous rendions déjeuner au réfectoire. Mon premier repas Tibétain fut composé d’une « thupka », soupe traditionnelle sous forme d’un bouillon, de légumes, d’espèce de grosse tagliatelles maison et… de bœuf!!! Pour la première fois depuis six mois mes papilles ont donc, avec un grand plaisir, retrouvé le goût du bœuf.

thupka

 

La soirée s’est terminée chez Kelsang qui, autour d’un délicieux thé au gingembre, a évoqué son passé difficile et sa vie de réfugier Tibétaine au Népal.
Kelsang est, comme beaucoup d’enfant de l’école, parrainée par ce qu’ils appellent un « sponsor » français. Chaque mois, par le biais de Solhimal, les filleules orphelins ou non reçoivent de l’argent de la part de leur parrain couvrant alors les frais de scolarité qui s’élèvent en moyenne à 200€ par an pour un enfant interne, une fortune. Sans ses parrainages beaucoup n’auraient pas accès à l’éducation et malheureusement sans éducation au Népal comme ailleurs les perspectives d’avenir sont assez moroses pour ses enfants dont les familles ne parlent parfois que Tibétain.
Mais en discutant avec Kalsang j’ai compris qu’un parrain n’était pas juste un compte en banque en Europe mais aussi quelqu’un avec qui échanger, avec qui rêver tout en gardant les pieds sur terre.

Ma première nuit à Katmandou ne fut pas de tout repos. La seconde non plus d’ailleurs…
La première fut consacrée à un safari anti-moustique. On m’avait menti! On m’avait dit qu’à cette altitude et avec une telle pollution il n’y avait aucune chance d’en croiser. Mais c’était sans compter sur l’humidité induite par l’arrivée de la mousson. Sans moustiquaire et sans Odomos (crème répulsive naturelle hyper efficace qu’on ne trouve qu’un Inde et au Nepal) j’ai donc passé une nuit qui n’avait d’égale que ma première nuit passée en Inde qui m’avait totalement dévisagé, le visage boursouflé par les piqures.
La seconde fut, elle dévolue à la chasse au « grillon des neiges » ;-). Cette bestiole que je n’ai jamais réussi à voir (un peu comme le Yeti) m’a pourtant gâché la nuit. Une fois la lumière éteinte, elle paradait amoureusement quelque part sous mon litn veillant bien à stopper son chant dès que je rallumai pour essayer de la chasser. Bref, celle-ci est restée introuvable…

A sept heure, alors que les enfants avaient eux déjà étaient réveillés depuis 2 heures et chantaient et récitaient les prières à haute voix, je suis allée petit-déjeuner avec d’autres professeurs tibétains.

Le petit dej’ était composé de brioches vapeur et du fameux thé au beurre. La première gorgée fut moins écœurante que ce que j’avais pu imaginer. Mais pas la seconde… je crois que c’est le cas de le dire: le thé au beurre salé dés le matin ce n’est pas ma tasse de thé.

Je dois avouer avoir eu un peu de mal avec ce petit déjeuner. Je ne suis pas si matinale, et bien souvent qu’en j’arrivai au réfectoire il ne restait plus que des brioches vapeur desséchées. Aucun autre professeur ne traînait encore dans la salle et je m’y sentais bien seule.

Pour ma première vrai journée à Katmandou, je suis tombée en plein weekend (les weekends débutant le vendredi après-midi pour se terminer le samedi soir). Il n’y avait donc pas d’intervention prévue pour moi à l’école. Kalsang et Tenji m’ont donc emmené visiter Swayambhu, un autre grand chörten sur les hauteurs de Katmandou.
D’une route aux abords de Bodhanath nous avons voyagé en minibus animé par Kalsang qui marmonnait la BO de Love Ajj Kaal dans un hindi approximatif, appris au grès de l’écoute de la musique indienne.
Kalsang passait d’ailleurs son temps libre à essayer d’écrire en phonétique les paroles de cette chanson (Choor Bazaari).

Swayambhu
Celui-ci est composé d’une première partie dans laquelle se trouvent de grandes statues dorées et d’autres petits chörten.

palais des vents de jaipur

 

palais des vents de jaipur

Plus haut sur la colline, voilà que nous entrons dans le royaume des macaques. Vénérés par les Tibétains ils se font nourrir de bananes à longueur de journée par les pèlerins (Les Tibétains se disent descendre d’Avalokitésvara, le bodhisattva de la compassion originellement apparu sous la forme d’un singe).

palais des vents de jaipur

Encore plus haut se trouve un nouveau très imposant chörten autour du quel gravitent temples, statues en tout genre, boutiques et bien sur pèlerins. De là haut, on peut prendre la mesure de l’expansion de Kantmandou.

palais des vents de jaipur

 

palais des vents de jaipur

 

Redescendus de notre colline nous nous arrêtons pour manger dans un lieu peu commode, une espèce de cave sans fenêtre, aux murs en terre soutenus par des poutres. A l’intérieur, dans la pénombre, un vieil homme, armé de son petit réchaud y cuisinait un plat Népalais, des pommes de terres méga épicées accompagné d’un délicieux ragoût de bœuf servi avec des céréales.
Une marche digestive nous a ensuite conduit chez Tenzin qui tenait à me présenter à sa famille puis dans un jolie Gompa (monastère) dans lequel vit un ami à Kelsang, un jeune moine Bouthanais, portrait craché du Dalaï Lama dans sa jeunesse.

palais des vents de jaipur

Il ne parlait pas anglais, nous n’avons pas pu discuter mais sa présence n’en a pas été moins enrichissante, il était là assis en tailleur, la voix et l’attitude très posées.
C’est sur ce moment de détente que ma première journée tibéto-népalaise c’est terminée.

La suite très bientôt…

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